Silence !...

Le silence descend en nous,
Tes yeux mi-voilés sont plus doux ;
Laisse mon coeur sur tes genoux.

Sous ta chevelure épandue
De ta robe un peu descendue
Sort une blanche épaule nue.

La parole a des notes d'or ;
Le silence est plus doux encor,
Quand les coeurs sont pleins jusqu'au bord.

Il est des soirs d'amour subtil,
Des soirs où l'âme, semble-t-il,
Ne tient qu'à peine par un fil...

Il est des heures d'agonie
Où l'on rêve la mort bénie
Au long d'une étreinte infinie.

La lampe douce se consume ;
L'âme des roses nous parfume.
Le Temps bat sa petite enclume.

Oh ! s'en aller sans nul retour,
Oh ! s'en aller avant le jour,
Les mains toutes pleines d'amour !

Oh ! s'en aller sans violence,
S'évanouir sans qu'on y pense
D'une suprême défaillance...

Silence !... Silence !... Silence !...

Albert SAMAIN (1858-1900) (Recueil : Au jardin de l'infante) - Silence !.

Édifié en 1931 pour commémorer le souvenir du poète lillois, le monument a été réalisé par Yvonne Serryus, sculptrice originaire du Nord. L'œuvre allégorique qui rappelle la tendresse mélancolique des poèmes d'Albert Samain, est entièrement sculptée dans de la pierre calcaire. Quant à son emplacement dans le jardin Vauban, il n'est en rien un hasard : « Albert Samain aimait se balader dans ce jardin, il appréciait son calme et son romantisme, il y trouvait son inspiration », raconte Julie Chantal, directrice du Patrimoine.